16 janvier 2007

Avec vue


Il est reparti à l'autre bout du monde, elle est revenue du Mexique, elle part bientôt en Nouvelle-Zélande, elle a été en Chine, il part prochainement faire un tour d'Asie, sa vie à New-York est trépidante, elle voudrait s'installer un peu en Australie, elle partirait bien vivre à San Diego, Montréal lui plaît, mais il n'a pas assez de temps pour en profiter.
Et lui, il part prendre une douche, alors je me retrouve un peu seule sur le canapé rouge et je voyage. Le Brouilly m'a rendue guillerette, mais je l'étais déjà avant, parce que depuis hier je suis un peu plus Madame qu'avant hier. Dix-sept élèves, posés là, dans une ambiance aux senteurs d'hormones mâles, puisqu'une seule jeune fille est assise au milieu, timide, look de jeune gars, meilleure pote du plus grande gueule de la classe. Plongée au milieu de leur quotidien, je constate les jeux de pouvoir, les personnalités, les tempéraments. Pendant qu'ils s'essayent à un exercice créé de toute pièce, intitulé "le petit chat est mort", je parcours leurs fiches de présentation... "J'aime la basse et la guitare" : toi, tu vas être mon chouchou, c'est très net... Le plus touchant est la représentation qu'ils ont de leurs qualités et de leurs défauts "je suis assez créatif, mais je suis trop timide pour que les autres le voient". Incroyable, la naïveté, la sincérité avec laquelle ils remplissent cette petite feuille, alors que là, posés tous ensembles, l'effet de groupe prend le dessus et ils font les malins, ceux qui s'en foutent un peu mais pas trop, ceux qui répondent à mes questions et qui m'appellent Madame, me demandant l'autorisation pour aller pisser...
On a failli partir à New-York, mais finalement ce sera un week-end poker à Rouen, enfin, peut-être. Jouer. Attendre. Voir les combinaisons défiler, faire des statistiques empruntes d'une superstition que l'on croyait morte, celle de l'enfance, celle des "si la plaque d'immatriculation a le chiffre 7, c'est qu'il m'aime" (quand on vit dans le 77, c'est un peu tricher sur la chance). Trois fois la fève sur trois galettes, 2007 serait-elle chanceuse ? Quoique... Avant de démarrer le premier cours de ma courte vie, je me suis héroïquement rendue aux toilettes, y déversant toute mon appréhension, avant de constater avec stupeur et tremblement que la chasse d'eau ne fonctionnait plus. Donc, chanceuse, mais à moitié, finalement.
Il y a tant d'envies qui s'emmêlent dans ma tête aux cheveux coupés qu'il sera difficile d'y voir clair. Mais ça se dessine, tout doucement et de plus en plus nettement. Heureusement, il reste les moments intenses du métro, du train de banlieue, du café PMU perdu de banlieue loitaine, où l'on écoute les conversations et où l'on fait un bilan, seule face à son café et sa clope, Libé en poche, où l'on se sent caricature, mais où l'on est quand même drôlement contente d'exister.
Et puis, il y a des magies. Elle avait un lit en hauteur. Très haut. Très proche du toit. Il a fallu que ce soit au jour de l'An que j'y dorme pour la première fois. Vent. Pluie. Vent et pluie, abattement des éléments sur les tuiles à moins d'un mètre des couettes. Impression d'être à bord d'un navire, traversant les flots, poupe fièrement dressée. Toi, tu y as passé toutes les nuits depuis ton adolescence. Sais-tu la chance que tu as ? Ces petits riens, ces petites joies de parcours, qu'on ne raconte jamais puisque jamais l'occasion ne vient... J'imagine ce que ça a dû être, de lire, de traverser les pages, accompagnée par le remous des tempêtes, et à l'abri, magnifiquement à l'abri, sous la couette, la tempête au-dessus de ta tête. Deux nuits passées là, et j'ai eu l'impression de te connaître encore mieux, dans des recoins qu'on ne raconte pas.
Il y a des évidences, des évidences qui prennent peu à peu le dessus, et je crois que c'est ce que j'ai attendu pendant 26 ans, que des évidences prennent le dessus. Regardez bien les évidences, parce que, mine de rien, c'est superbe, une évidence. Et dans évidence, il y a "danse", et si c'est pas complètement dingue un truc pareil, je veux bien manger des huîtres.
Il est revenu de la douche et il sent la noix de coco.
Il va falloir racheter un gel douche, ce n'est tout simplement plus possible.

Finalement, parfois, on est aussi connes que dans Glamour...
- Et il a un super beau cul.
- Ah ouais ?
- Ouais, et tu sais, le cul, pour moi, c'est hyper important.
- Ah ouais ?
- Ouais, parce que, si le mec n'a pas un cul VRAIMENT bien, bin... c'est pas pareil.
- Ah ouais ?
- Ouais.


Pour d'autres, ce n'est pas "parfois", c'est juste... permanent
- Moi, je lis "Le Point".
- ...
- Bin ouais, je trouve que c'est le journal le plus objectif, niveau politique.
- ...


Et sinon, vous avez vu ?
Ne me dites pas que vous n'avez pas vu !
15 couvertures d'hebdos sur 15 pour monsieur nico...
A croire qu'il est déjà élu.
Fichtre.

10 janvier 2007

Maladresse


L'exquise... L'exquise maladresse qui vexe ma génitrice le soir de Noël ("oh, quelle bonne idée, du thé, j'en ai seulement 56 paquets !"), la délicieuse maladresse dont mes genoux sont friands ("...euh... tu peux bouger ta jambe, là... bin disons que tu m'écrase les..."), la mignonne maladresse de tous les jours, me rendant digne de concourir pour le titre de "plus belles provocations de réactions-domino de la planète"...
Voilà. Désolée, Marcello, tu es à côté de moi, et je n'écris jamais à côté des autres, sauf quand je suis payée pour pondre des plaquettes d'information, cas suffisament rare pour être consigné ici-même. Tu es à mes côtés et tu es responsable de ce titre, "maladresse", dont je n'arrive pas à puiser la moindre inspiration, mais peut-être est-ce à cause du Merlot (j'avais envie de te faire la blague du Merleau-Ponty, sais-tu, mais je n'ai même pas osé, cette blague n'aurait plu qu'à ma prof de philo de terminale, fan absolue du sus-nommé, qui avait une tête de tortue mais qui avait pourtant souvent raison, bien que le tort tue, ahah). Ou alors, des pâtes aux poireaux, la faute. Etrange idée. Mais tu me connais, le poireau, je le mets à toutes les sauces, et ma vie sans poireaux ne serait pas ma vie. Mais ce sujet a déjà été traité ici. Innovons quoi, mince, c'est la nouvelle année, place aux idées révolutionnaires. Les courgettes, par exemple, c'est pas mal non plus. Pourquoi tous les légumes et fruits ont une apparence si sexuelle ? Question sans réponse. Voilà. C'est ma révolution : laisser des questions sans réponse. Toi, lecteur, qui comptait sur moi pour régler les plus pertinentes questions suscitées par ton existence quotidienne mais néanmoins spirituelle, te voici tout chamboulé par cette information. Laissons les questions sans réponse. Voilà mon programme pour deux mille sept. Les plantes ne sont pas en reste non plus. L'amarylis que j'ai reçu pour mon happy birthday porte plutôt mal son nom, à moins qu'Amarylis signifie en grec ancien "superbe érection du tonnerre". Je suis tellement gênée par l'aspect de cette plante, à la vigueur très peu chlorophylle, que je l'ai passée du salon à la chambre. Ne laissons pas cette évocation troublante en présence des probables invités, mettons-là plutôt en produit d'appel à moins de deux mètres du lit.
"Que l'on est bête, quand on est amoureux, que l'on est bête, mais que l'on est heureux" : je repense à ces paroles de ce cher Thomas Fersen, et je m'aperçois qu'elles sont bien vraies. Non que je me sente spécialement idiote en ce moment, je n'oublie pas de réfléchir au sens de la vie, à mon vote prochain, à la production de petits-pois au Népal et à changer de pilule, mais n'empêche, ce serait difficile de raconter, d'exprimer, mon bonheur-bulle actuel. Alors je vais m'en passer. Et puis du coup, comme Marcello est à côté, je vais arrêter d'écrire pour aller parler, mon deuxième plaisir dans la vie après bien d'autres, et ne cherchez pas d'embrouille, il n'y en a aucune. Et promis, le prochain fera plus de 65 lignes et aura huit jeux de mot poilants à la minute. Et il sera plein de questions hyper essentielles concernant le sens de cette putain de vie qui passe à vue d'oeil même pour un borgne et même que le temps c'est comme le fric, ça passe trop vite et même depuis quelques heures, ça se détraque, si l'on ne peut plus compter sur ça que va-t-on devenir ? Augmentation du coût de la vie et réchauffement climatique : même combat. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est de la faute à Nicolas, mais j'en aurais presque envie, c'est la faute au Merlot.
Heureusement que j'ai coupé mes cheveux, ça se verra moins, quand les soucis me les feront tomber.

Et sur ce, une bien bonne fin d'année 2007 à vous, remplie de poireaux.

Des ravages des soirées d'anniversaire sur les esprits scientifiques chevronnés :
- Et sinon, t'as eu 26 ans à quel âge ?

Des considérations physiques de la part d'une non-physicienne :
- C'est quand même dingue que la bouillotte conserve la chaleur à ce point !
- Ah mais c'est normal : la bouillotte, elle reste chaude parce qu'elle a une petite couverture.


De la poésie sur autoroute FM
- Nan mais parce que, quand tu prends la route, tu vas vers un quelque part, et ce quelque part il est toujours humain.

PS : C'était un nouvel an saveur mandarine. Le plus complet et le plus doux des nouvels ans.
PS2 : et ce n'est absolument pas une raison pour arrêter de fumer, j'arrêterai de fumer à Pâques, et j'interdis formellement à tous les moralisateurs de me dire que c'est mal de fumer, parce que d'une, c'est drôlement bien et de deux, c'est écrit sur mon paquet quotidien et j'ai beau porter des lunettes, je vois, je vois. C'était ma rébellion de 2007, merci et bonne soirée.