Campanique
Repérer, traquer, une à une, les choses qui mangent votre énergie vainement, sans contrepartie. Les disséquer, leur tordre le cou et prendre vos jambes au votre, de cou. En me baladant pour arriver ici, quelques mots d'une "news" aguichante résumant le propos d'une étude selon laquelle plus les semaines sont longues et harassantes, plus l'on devient bête. Petite goutte en plus sur la vitre pluvieuse du moral du dimanche soir. Je n'aime pas me sentir triste sans en connaître la raison. D'autant que cette semaine fût riche en moments sympathiques, ce qui ajoute à ma perplexité face à l'état de fait : morose je suis, sous la couverture orange sur le canapé rouge.
J'ai pourtant vécu un moment campanique, méritant d'être mentionné pour la beauté du néologisme et pour le rire franc et entier qu'il a suscité parmi les trois compagnons d'automobile que nous étions l'espace de quelques heures, en route vers Gournay-en-Bray. La découverte de la poésie des films de Kitano, également. S'il est une chose que j'aime dans le fait que les autres existent, c'est quand ces autres ont le don de vous emmener vers leurs amours. Au plaisir de les découvrir s'ajoute celui de les avoir connues par eux. Dans ces moments-là, j'aime ne rien savoir, être guidée vers, en toute simplicité, de celle qui créent les beaux partages.
Cette fin de journée me laisse un goût d'échec. Elle n'en a pourtant compté aucun, enfin, si l'on accepte le fait que de n'avoir eu ni le courage d'aller nager ni celui de faire la lessive ne puisse s'apparenter à la notion d'échec. Et mat, bien entendu.
Non, c'est un goût plus lancinant, un goût de planning non respecté, un goût d'envies non réalisées, un goût de désirs insaisissables qui flottent alentour. Qui me fait dire qu'il faut cesser d'avoir peur de tout, et surtout de rien, en particulier de son ombre. Qui m'envoie vers des lendemains qui sifflotent mais que je n'atteindrais certainement pas le cul vissé sur le canapé rouge sous la couverture orange. Il faut que je réapprenne à rêver. J'ai lu ce week-end une rédaction du petit frère, d'un bon sens désarmant "il marcha plusieurs heures dans le désert vers le pays magique puis il eut soif. alors il s'aperçut qu'il n'avait plus d'eau dans sa gourde". ça m'a donné envie d'avoir 11 ans.
Perle du soir :
- rho j'ai la flemme de me faire à manger pour moi toute seule. nan mais parfois je me demande comment je ferais, sans corps, je ne me rendrais même pas compte que j'ai faim.
- c'est fort probable, oui.
2 Comments:
Oui mais tu as une excuse... tu as une grande ombre. Plains toi.
Que ça c'est un beau texte qui me plaît beaucoup...
ml
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