1 avril 2007

Interpolations


Avec leur heure supplémentaire, on est perdus. Tenez, à l'heure où je vous parle il est déjà vingt-trois heures quarante quatre alors que si je vous avais parlé il y a seulement neuf jours il ne serait que vingt deux heures quarante quatre et je crois que je me sentirais mieux, par extension.
Cela étant, il a fait bien beau aujourd'hui et c'est toujours agréable, bien plus que d'attendre le bus vingt cinq minutes sous la pluie vendredi matin, je vous l'accorde sans broncher, et sans parapluie.
Mais s'il avait fait bien beau il y a neuf jours, je crois que ç'aurait été encore mieux, par extension aussi, mais moins.
Je n'arrête pas de recevoir des faire-parts de mariage (enfin, deux) et, chose amusante, ils sont tous deux très semblables. Notamment dans la laideur. Après, au niveau cucuterie, le premier reste mon préféré. Il énonce, dans une sorte d'épitaphe pré-maritale, "aimer n'est qu'un mot, jusqu'au jour où l'on rencontre la personne qui vous en fait comprendre le sens". Sachant que ce faire-part est celui de mon premier amour, qui se marie, donc, et pas avec moi, sinon je n'aurais pas reçu le faire-part, je l'aurais envoyé (nuance, et de taille), j'ai ri. Ce serait amusant d'envoyer un petit mot pour répondre à l'invitation, et de demander innocemment des explications vaseuses sur ce dicton faire-partesque. Avec, pour preuve, de vieux post-it déclaratifs et définitifs du style "je t'aime pour toujours" écrits en lettres de sang. Ah et puis, dites, c'est tout un vocabulaire, ces faire-parts, pour réussir à comprendre à quel point tu es invitée. A la cérémonie ? Au vin d'honneur ? Au dîner ? Vivement les enterrements, ce sera plus simple.

Nan sinon, c'est drôlement bien, le printemps. Je suis pour.
On trouve de tout, au printemps (celui sans majuscule, hein), et même une Remington en parfait état. On s'est dit que pour écrire la liste des courses, c'était exactement ce qu'il nous fallait. En revanche, il me manque encore un rideau de douche digne de ce nom. Je suis entrée dans une phase de conflit intense avec l'actuel pas plus tard que cet après-midi. Et ça, malgré l'heure en moins - ou en plus, selon l'espace temporel où l'on se situe, bien entendu - c'est vous dire le niveau de la crise sur l'échelle de Richter. Le contexte est simple comme bonjour. Je voulais me détendre après un passage délicat au lavomatic. Et avant l'étape plus subtile encore de l'étendage de 7 tonnes de chaussettes sur 3 malheureux fils. Or, parfois, je ne sais pas quelle mouche me pique, mais j'ai la folle idée de prendre une douche pour me détendre. Erreur. Car le rideau de douche en tissu est le pire ennemi de la femme. Après les rides, bien entendu. Ce stupide machin est attiré par la chaleur de l'eau et vient mesquinement se coller contre la peau. Donc, quand je tente d'éradiquer toute substance pileuse de ma surface personnelle, il s'ensuit une lutte sans fin entre le rasoir, le savon, le jet d'eau, le rideau et moi. Oui nan parce qu'une fille normale SAIT gérer la simple triplette "rasoir + savon + jet d'eau". Mais avec le rideau qui vous assaille en même temps, c'est tout bonnement im-po-ssible.
Après avoir proféré un nombre d'insultes équivalent à la dette du tiers-monde, et cela m'ayant immédiatement rappelée à la réalité cruelle de notre univers, je suis ressortie de la douche éreintée, sacrément en pétard, et "à peu près" épilée. Détendue comme il se doit, donc. Sans compter que le patch à la nicotine ne voulait plus bien adhérer à la surface de moi-même et que j'ai donc élaboré un fort astucieux bandage tout à fait esthétique. Et avec tout ça, j'étais en retard au lavomatic.
Du coup, je me suis dit qu'il me serait difficile d'assumer des responsabilités, des vraies, genre présidente de la République ou dresseuse de manchots. Voilà. En une heure, j'ai foutu ma vie en l'air.
Avouez que s'ils ne nous avaient pas rajouté cette heure, ou enlevé, cf. paragraphe précédent, je n'en serais sans doute pas là. Je vais donc de ce pas engager une procédure.

Ah, sinon, qui peut m'expliquer pourquoi le monsieur dans le métro a écrasé mon bouquet de fleurs intentionnellement en voulant m'empêcher de descendre ? Toute réponse sera la bienvenue, de mon côté je reste perplexe. Et en ces temps agités, il fait mauvais être perplexe.

Heureusement, le printemps nous offre de bien belles perles à glaner, telle la mouette au-dessus de l'huître :

Rencontre au bar, propice aux inventions :
- Va boire là-bas si j'y suis !

Mon tout petit frère a de l'humour : quand je demande à ma génitrice quelle est la suite de "bis" et "ter", il répond :
- Bin... Bis, ter... et boule de gomme !

Des confusions alarmantes, devant une toupie lumineuse :
- Faut pas regarder ça trop longtemps sinon tu deviens hémiplégique.

Des aveux émouvants :
- Le lit, c'est un peu le bac à sable des grands.

Ce qui est complètement vrai, d'autant que je finis par être inquiète des positions prises pour dormir. Je crois que même le kama-sutra ne saurait qu'en faire. Bref, comme je le disais l'autre soir, en me faisant piquer le taxi par deux jeunes hommes, "le monde part à vau l'eau". Heureusement, il y en a d'autres.
Des taxis, hein.

Aimer tue


Aimer crée une forte dépendance, ne commencez pas.
Aimer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage.
Votre médecin ou votre pharmacien peuvent vous aider à arrêter d'aimer.
Aimer pendant la grossesse nuit à la santé de votre enfant.
Protégez les enfants, ne leur faites pas respirer votre amour.
Les amants meurent prématurément.

Et en plus, il n'y a pas de patchs.
Comme quoi, faut vraiment être fou pour être amoureux.
Du coup, j'ai arrêté.

De fumer.