Au pied du mur
Ma main à couper que vous connaissez l'histoire de la personne qui aimerait surtout avoir du temps pour écrire, pour lire, ou tout autre activité considérée comme plaisante... Qui se plaint assez souvent, en filigrane ou en quadrichromie, de n'avoir pas le temps pour cela. Qui s'en veut, d'ailleurs, de ne pas savoir créer ce temps-là. Parce qu'après tout, même en travaillant aux 35h "modernes" (comprendre 65), "si on veut vraiment, on peut", ou ce genre de sentences qui piquent un peu... Et bien, je vous le donne en mille. Une fois que toutes les conditions optimales sont réunies, qu'elle n'a plus d'obligations, un beau bureau, de la lumière, du café et un chat qui ronronne, et bien... pfffft. La fuite. Le bruit du sable dans lequel l'autruche enfouit sa tête. De l'agenda du jour qu'on bouleverse pour ne surtout pas - grands dieux, non - faire ce qu'on veut faire. Bien sûr qu'il y aura toujours des lessives à lancer, des murs à peindre, des tables à décorer avec un motif pieds-de-poule, des courses à faire, des lettres à écrire. Quel beau refuge... Et s'installe la question de la grande frontière : écrire, est-ce un "vouloir" ou un "devoir" ? Ces petits moments où l'on se trouve confronté à nos désirs sans réussir à les concrétiser, où insidieusement se faufile la question "en ai-je vraiment envie"... pire, "en suis-je vraiment capable"... Que vont les prochains temps m'apprendre sur ce que je suis ? Et bien, si ce n'est pas être au pied du mur, je veux bien me faire nonne.
Bon. Je crois qu'il faut que j'arrose mes plantes.
Et sinon, le 28 décembre, un des secrets de la vie m'a été révélé :
"Tu verras, avoir 30 ans, c'est super !"
"Ah ?"
"Oui ! Parce qu'à partir d'aujourd'hui, quand tu as une opinion, tu n'as plus à te justifier, elle est au-to-matiquement valable"