13 juillet 2006

Cactus cachés




Partir sans se renseigner est un gage fantastique de surprises. On s'attend à voir un désert rouge flamboyant émaillé de cactus superbes, et on se retrouve au milieu de la jungle. La péninsule du Yucatan et le Chiapas sont donc des zones assez humides et totalement peuplées de choses verdoyantes entremêlées. C'est un bordel sans nom de fleurs et d'animaux improbables. Dressées au milieu de ces lianes et autres feuilles-hamacs, des pyramides Mayas. C'est grand. C'est tout plein d'émotions en cascades, parce que la pierre que tu regardes, là, elle te contemple avec des centaines d'années, ce qui lui confère une suprématie légèrement agaçante. Les iguanes se balladent là-dedans comme les pigeons à Paris. Mention spéciale aux iguanes punks, avec des crêtes, dont D. a dû prendre environ 68 photos. Faut dire qu'au niveau eye-contact avec les iguanes, D. a une longueur d'avance sur la majeure partie de l'humanité. Nous revenons donc avec une très belle galerie de portraits à la Lou Reed. De mon côté, j'ai davantage axé sur la prise de vue post-moderne, parce que mon vieil argentique n'ouvre son oeil qu'à moitié. Donc, sur un fond noir très noir, on entraperçoit des palmiers balancés dans le vent, la jungle, des pierres spectaculaires, des sculptures mayas inoubliables, la jungle, l'eau turquoise, la jungle et ah, c'est une patte de flamant rose, là. Ou une église.
Après cinq visites de sites sous 45°C, tartinées d'anti-moustique, de crème solaire et de sueur, telles d'intrépides aventurières traversant l'immensité spatio-temporelle sans coup férir, voici la question qui nous brûle encore aujourd'hui les lèvres :
Partant du principe que les Mayas étaient petits, voire minuscules, pourquoi leurs marches nous arrivent à la mi-cuisse, soit l'équivalent de leur bassin ? Que celui/celle, qui a la réponse s'empresse de la donner, nous sommes prêtes à sacrifier un porte clé "sous-commandant marcos" en contre-partie. Ce suspense nous a tenu en haleine jusqu'à la fin. Et nous a permis de nous muscler prodigieusement, parce que c'est important d'avoir des fesses de rêve, ne l'oublions jamais, surtout pas au sommet d'une pyramide.
Et le plus marrant, c'est que nous retrouvons cette propension à la hauteur dans la confection des dos d'âne, si on peut encore parler de dos d'âne. Tous les kilomètres, le bus ralentit, s'essouffle, tempête, rebondit. Ce n'est rien, c'est un dos d'âne. C'est ainsi que l'on se retrouve à faire San Cristobal de Las Casas / Merida en quatorze heures, en regardant le dernier Steven Seagal, ou en priant pour que D. ne soit pas malade au prochain virage.
Mais les voyages, ce sont évidemment des moments de rencontre fabuleux. Ah, les auberges de jeunesse, remplies de backpackers tous plus sexys les uns que les autres (filles comprises, merde alors). Fourmillement d'échanges interculturels prodigieux, où l'on constate que plein de sujets nous relient au plus profond de nos âmes, comme par exemple la coupe du monde. C'est bon de se sentir humain.
Alors voilà, le Mexique, c'est fantastique. Surtout en compagnie de D., qui est la seule personne de ma connaissance à chopper le mal de mer sur un hamac, à laisser une partie de son sac à dos dans chaque auberge de jeunesse, et à oublier le guide du routard dans un combi collectif. Au bout de 10 jours de voyage. Et surtout, qui ne sait pas distinguer un baobab d'un cactus, ce qui offre un large pannel de fous rires. Quand nous sommes allées nous coucher dans notre petite cabane au fond de la jungle, à Palenque, frémissantes de joie à l'idée de dormir entourées de cris fous poussés par les singes hurleurs, il y avait une grosse bestiole posée près de mon lit. Très près. Très grosse. C'était, à y regarder de plus près, un énorme cafard-blatte. Enorme. Je choppe l'anti-moustique mexicain, celui qui t'intoxique les poumons quand tu le mets, et je tente d'en asperger l'ennemi. Réaction de D. : "une seule question, est-ce que c'est un scorpion ?" "Ah non, non, c'est juste un gros cafard là sur mon oreiller, qui va me faire des chatouilles toute la nuit." "Bon, bin si c'est pas un scorpion, tout va bien, si tu veux on échange de lit, moi les cafards, ça me gêne pas."
Devant tant de bon sens, parce que c'est finalement vrai que "c'est pas la petite bête qui mangera la grosse", j'ai décidé d'adopter une attitude d'adulte responsable et de dormir avec le cafard. Bon. Je dois admettre que j'étais bien contente d'être emmitouflée dans mon sac à viande, avec un t-shirt et un pantalon. Comment ça il fait 40°C ?..
Sinon, D. a un sens prodigieux de l'orientation, elle vous repère le zocalo, la station de bus et l'auberge en deux coups d'oeil, et, scotchée au Guide Bleu, elle nous a offert trois cuillères de culture par heure. On a appris plein de trucs sur le style Puuc, qui est très joli, et sur le Jeu de Balle. Par exemple, en se positionnant au point A, et en tapant dans les mains, on entend 7 fois son écho. En regardant la sculpture de la pyramide entre 19h02 et 19h24, on s'aperçoit que les anneaux du serpent à plumes s'animent. Bref, des tas de choses de la sorte, sauf pour le coup des marches, où nous sommes restées bredouilles. Et à la fin, elle faisait bien la distinction cafard/scorpion, pélican/flamants roses, et j'étais de mon côté enfin capable d'arrêter de dire que nous étions dans la savane et qu'on allait voir des fjords mexicains. Donc je rectifie, nous étions au coeur de la jungle, et nous avons pris le bateau pour sillonner le fond d'un canyon.
Et nous avons réussi à motiver 6 personnes pour un réveil à 4h45, un bus à 6h et une heure de bateau, pour voir une colonie de flamants roses d'une grâce éblouissante. Ils marchent sur l'eau pour s'envoler, ils dansent au lieu de marcher, et leur cou s'enroule à l'infini. Et c'est rose, rose sur une mer bleue turquoise, avec en fond d'écran des mangroves qui plongent leurs racines dans l'eau. Joie.
Personne n'a voulu me croire, il faudra donc que je pense à vérifier, les flamants roses sont roses parce qu'ils mangent des crevettes. Si. J'insiste.
Sinon, pour vous insuffler encore un peu de rêve, je vous laisse prononcer ce qui suit à haute voix : Chichen Itza, Palenque, Coba, Uxmal, Tulum, Merida, San Cristobal, Valladolid, Isla Mujeres... ça sonne... et je vous épargne Cancun.
Prochaine destination, le Viêtnam, et avec un peu de chance, ils auront des cactus.

Et non, elle n'a pas fait l'amour en sombrero. Dommage, notre guide de conversation avait pourtant une partie "sexe". Mais comme on dit, en voyage, on ne peut pas TOUT faire.

Et demain, je déménage... Donc je m'en retourne à mes cartons, parce que l'étagère ne va pas se démonter toute seule.

Devant France/Italie :
- L'avantage avec le baby-foot, c'est qu'il n'y a pas de hors-jeu.
- C'est peut-être pour ça qu'on retransmet moins les matches.

4 Comments:

Blogger cml said...

honte. oui. oui bon, ça va, les flamands, ce sont les gens, les flamants ce sont les oiseaux. Mais les flamands roses sont peut-être très jolis aussi.

10:15 AM  
Anonymous Anonyme said...

un mot

11:40 AM  
Anonymous Anonyme said...

Very pretty site! Keep working. thnx!
»

1:36 AM  
Anonymous Anonyme said...

Oui, probablement il est donc

2:50 AM  

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