Bière(s)
J'ai commencé à trouver ça inquiétant lorsque, mardi soir, sortant chercher des clopes en panique à minuit passé, les yeux rougis par des larmes incongrues mais méritées, j'ai réalisé que j'étais en train de me faire réconforter d'une grande tape dans le dos par mon buraliste, oui, celui qui m'appelle par mon prénom.
C'est grave, docteur ?
Je poursuis dans mon inquiétude en m'aperçevant que le seul soir où je n'ai pas consommé une bonne bière, c'était lundi, et encore, c'est parce que tous mes potes avaient des trucs de prévus - et que j'étais censée aller nager.
Après une bonne soirée de refaisage de monde et de nos vies en particulier, j'ai déclaré à Cha, fort attentive, que les deux projets qui me semblaient le plus réalisables dans les prochains mois étaient les suivants : devenir alcoolique minime (un rien me fait l'effet d'un grand beaucoup) et choper un petit cancer de derrière les fagots (je fume tellement que mes potes me reprochent leur propre consommation, c'est dire).
Nous avons convenu d'un commun accord que cela semblait assez réaliste.
Hier soir je retrouvais A. au Lucernaire, en souvenir de notre belle année à Assas (oui, quand on a fait ses études à Levallois, une année à Assas est une bonne année, parce qu'il y a le Luxembourg pas loin).
Elle a pudiquement parlé de "gros flash back", quand j'étais en train de constater avec un effarement complet la différence entre les étudiants assis tranquillement à leurs tables et nous.
Ils avaient des looks d'étudiants, des têtes d'étudiants, des postures d'étudiants. Et nous, bin... non. On est devenues comme qui dirait des adultes. C'est pas grave hein, c'est juste bizarre de se sentir différent, alors que ça paraît si proche.
Spectacle parisien. Métro 3, mercredi matin, 9h17, wagon n°1. Un jeune homme à l'allure 19eme (siècle, pas arrondissement), fait tourner entre ses mains plus qu'agiles des boules en verre transparent. C'est beau. Les passagers alentours sont hypnotisés par son adresse. Tout le monde est calme, comme apaisé. Il réussit l'illusion d'une boule qui tiendrait seule dans l'espace. Ses mains aux longs doigts courent, effleurent, caressent. L'espace d'un instant, on ne peut s'empêcher de penser à ces mêmes mains savantes dans nos cheveux, sur notre corps. Mais un court instant, hein, parce qu'on est quand même dans le wagon n°1 de la ligne 3 un mercredi matin avant le travail. Et qu'on s'est pris la veste de l'année dans la figure, et que c'est pas comme si l'année avait été un grand cru amoureux.
Ce matin, j'étais réveillée par un tambourinement désagréable (j'ai rarement entendu des tambourinements agréables, j'en conviens) sur ma porte. L'homme-anti-cafards venait régler le cas de mes murs innocents. J'enfile mon pyjama, je lui ouvre en gromellant à moitié (putain, il était 8h19 quoi) et je réalise combien j'ai l'air stupidement désagréable alors qu'il est de bonne humeur et que 8h19 ç'aurait été une sacrée grasse mat" pour lui. N'empêche, il était sacrément bienveillant ce type. Déjà, il a prémuni mes mètres carrés contre l'invasion de bestioles immondes et nocives et rebelles. Mais en plus, il était d'une logique implacable : `
- Vous en avez, vous, des cafards ?
- Bin... non.
- Ah, c'est bien, c'est parce qu'on traite tous les 6 mois.
- Bin... oui.
- Il est utile, notre traitement !
Je n'ai pas osé lui dire qu'on ne savait même pas si, sans traitement, il y aurait eu des cafards. Je ne voulais pas lui ruiner sa journée. Se sentir utile, c'est vital, non ?
2 Comments:
C'est très mal d'être de passer sa mauvaise humeur sur ce chasseur de cafards. D'après Tardi, il peut leur arriver des bricoles TRES désagréables (http://bd.casterman.com/isbn/2-203-33803-2/).
Mais d'après William Burrough, c'est rien que des drogués (http://www.filmdeculte.com/video/video.php?id=67)
Bonjour chez vous
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